dimanche, octobre 22, 2006

Personne n'y échappera, Romain Sardou

Ce bouquin n'est pas un vrai coup de coeur mais il mérite le détour pour son originalité, d'autant qu'il se lit très vite et que les critiques que j'ai lues sont plutôt enthousiastes. Comme je n'ai pas trouvé d'image du livre, je vous ai mis une photo de l'auteur plus mignon que son père, ce qui ne gâche rien ;)


J'avais entendu parler du livre : à l'américaine, un thriller avec 24 cadavres. Je m'attendais à une histoire de serial killer, de psycopathe, thème que j'adore. Il y a un peu de ça mais pas tout à fait. L'originalité réside dans la spécificité du tueur. Les meurtres sont évidemment horribles même s'ils sont décrits avec une sorte d'attitude blasée ; pensez donc, 24 morts en un seul coup, il y a de quoi relativiser... Le tout vous tient biensûr en haleine du début à la fin (j'ai fini un matin à Trappes happée par l'histoire :). Une fin que je vous mets au défit de deviner...

Dans les mauvais points, l'originalité même du teur et de sa manière de tuer rend l'histoire plutôt alambiquée et tout sauf crédible. Ce qui m'a le plus dérangé, même si cela n'arrive que quelques fois dans tout le livre, c'est la formulation "hier, il avait..." au lieu de "la veille, il avait..". Je me demande encore la raison, si c'est censé participer au style d'écriture, rendre l'histoire plus "immédiate" car c'est très certainement volontaire.

Petit spoiler : le titre dit vrai ;)

jeudi, octobre 12, 2006

De l'art de dire des conneries, Harry G. Frankfurt

C'est la première fois que je lis un "essai" je crois... Enfin quand c'est aussi sérieux et long que ça (77 pages en police 14 avec des marges de 3 cm), c'est pas si compliqué!

Le titre, traduit de l'anglais "On bullshit", est trompeur car il ne s'agit pas ici des conneries dites pour s'amuser mais de ce qu'on appelle aujourd'hui le pipo, le blabla, le baratin...

On apprend donc à différencier le pipo du mensonge: alors que le menteur ment sciemment, dans le but de tromper, le pipoteur déguise plus ou moins volontairement la réalité, dans le but d'impressionner favorablement son auditoire.



Ne mens jamais lorsque tu peux t'en sortir en racontant des conneries.
Eric Ambler, Sale Histoire

Cette citation met un peu plus en lumière la nuance des concepts: mentir oblige en effet à avoir un bonne connaissance de la vérité, afin de pouvoir en modifier une partie tout en gardant un scénario cohérent, c'est donc plus difficile.

Pipoter, au contraire, n'implique aucune connaissance préalable et c'est d'ailleurs ce qui est à l'origine de la plupart des pipotages: par manque de connaissance, on invente pour ne pas avouer que l'on ne sait pas. On pipote dans le but de donner une meilleure représentation de soi-même plutôt qu'une représentation exacte du monde réel.

Ca donne à réfléchir... ;o)

jeudi, septembre 07, 2006

La Poursuite du bonheur, Douglas Kennedy

Ce bouquin se lit d'une traite! La preuve, c'est que je me suis relevée cette nuit pour aller le terminer dans la salle de bain!

Il se présente sous la forme de deux récits imbriqués. C'est d'abord celui de Kate, une jeune mère divorcée qui découvre l'existence d'une vieille dame étrange à l'enterrement de sa mère. Très vite elle va s'apercevoir que cette femme mystérieuse qui cherche à lier contact de manière insistante, sait presque tout de sa vie. C'est donc avec un mélange de curiosité et de colère qu'elle accepte le manuscrit que lui confie l'inconnue.



Et c'est avec Kate que l'on plonge dans l'histoire romanesque et tragique de Sara Smythe. Des Etats-Unis d'après guerre aux années noires du Mccarthysme, Sara vit un grand amour contrarié avec Jack Malone, le père de Kate. Mais ils courent après le bonheur sans jamais l'attraper, leur destin n'étant que la conséquence inévitable de leurs choix. Si vers la fin on est proche du mélodrame, les personnages ont une ambivalence qui n'en fait pas des stéréotypes et l'on pardonne à l'auteur de nous avoir si bien pris au piège.

mercredi, juillet 19, 2006

Rentrée nouvelles pour le bus

La RATP organise un concours de nouvelles : il faut écrire environ cinq pages inspirées d'une photo de bus. Le tout est à envoyer avant le 1er septembre 2006. Le règlement et les détails du concours se trouvent ici, pour ceux que ça intéresse.

samedi, juin 10, 2006

Bienvenue au club, Jonathan Coe

Encore une merveille signée Jonathan Coe...



L'auteur nous brosse le portrait de quelques jeunes étudiants des années 70 en Angleterre. Avec eux, on plonge dans le climat social en Angleterre avec ses grèves, ses nationalismes, notamment avec l'IRA, ses mutations politiques... Mais ce sont avant tout des jeunes qui nous font connaître leurs goûts musicaux, leurs premières expériences sexuelles, la naissance de leurs ambitions, de leurs rêves et la révélation de leurs talents. On ne s'ennuie pas une seconde dans cette histoire racontée par de multiples voix : les différents personnages, un journal intime, le journal de l'école... La plume toujours subtile de Jonathan Coe nous fait passer des larmes au rire comme dans cet extrait :

Devant lui, sur une table basse, il vit une main en plastique grandeur nature qu'il prit pour un accessoire du Club théâtre. Offrant un numéro fort distrayant, il la prit, lui serra la main, se gratta la tête avec, puis l'aisselle. Il faisait mine de s'en servir pour se curer le nez lorsque la femme du proviseur se pencha, la lui prit sans un mot et la fixa en gestes vifs et précis au moignon lisse et arrondi qui terminait son bras. Il était le seul à ne pas avoir remarqué qu'il lui manquait une main.

Le dernier chapitre (c'est souvent mon problème) est un peu décevant : le style est différent, on aimerait que ça continue... Mais en fait, il y a une suite, "Le cercle fermé", où, semble-t-il, on suit les mêmes personnages dans leur vie d'adulte.

lundi, mai 29, 2006

Le Bûcher des vanités, Tom Wolfe

C'est Jeff qui nous avait conseillé ce livre et deux ans après, je me suis enfin décidée à le lire... Merci donc, puisque j'ai adoré!

Cette critique acerbe de la société new-yorkaise des années 80 n'épargne personne, du pitoyable dealer du Bronx au golden boy timoré de Park Avenue, en passant par les magistrats mesquins et les journalistes avides de scandale... et le lecteur se régale devant cette étonnante galerie de portraits.


Dans un contexte d'inégalités raciales criantes et à la veille des élections, on assiste à l'instrumentalisation du débat de l'égalité devant la justice... Ou pour récupérer des voix on n'hésite devant rien. Il y en a un qui va prendre plus cher que les autres évidemment, et ici le bouc émissaire est un gars de la haute, sur lequel on va s'acharner pour faire croire aux pauvres qu'ils ne sont pas les seuls à en baver...

J'ai particulièrement aimé les scènes réjouissantes où le héros (si l'on peut dire) appelle par erreur sa femme d'une cabine téléphonique alors qu'il a prétexté une promenade du chien pour pouvoir téléphoner à sa maîtresse... ou encore celle où l'obscur procureur invite dans un resto qu'il peut à peine payer avec son salaire une super nana qui s'ennuie ferme...

Pour ceux qui ne l'auraient pas encore lu, n'hésitez plus, ce pavé se lit d'une traite!

jeudi, mai 04, 2006

Quand j'avais 5 ans, je m'ai tué, Howard Buten

Un livre pas comme les autres...



Le narrateur est un petit garçon, entre 5 et 8 ans qui se retrouve dans une sorte d'hôpital psychiatrique pour enfants. Il nous raconte, avec ses mots, sa vie d'enfant avec parfois quelques anecdotes plutôt amusantes.

Shrubs y était aussi. Il doit toujours rester après l'école pasqu'il s'arrange toujours pour avoir des ennuis. (Une fois il a même eu des ennuis pour avoir écrit lui-même son mot d'excuse pour une absence : il avait écrit qu'il avait le cancer du poumon.) Cette fois, c'était pour avoir mangé des bonbons pendant le cours de Mlle Crowley. Elle lui avait dit que c'était mal élevé de manger si on n'en avait pas assez pour en offrir à tout le monde. Alors Shrubs avait ouvert son pupitre et il avait jeté trente bonbons en l'air en hurlant : "Bonne année tout le monde !"


C'est un joli livre mais qui m'a parfois mise un peu mal à l'aise : est-ce qu'un petit enfant fait vraiment ce genre de choses ? comment étais-je à cet âge-là ?
Ne lisez surtout pas un résumé avant, sans quoi vous ne seriez pas tenu en haleine comme je l'ai été jusqu'aux dernières pages pour découvrir ce que Gil avait fait de mal. Cette découverte n'a pas été sans un certain malaise encore une fois. C'est étonnant comme l'univers de l'enfance m'est apparu éloigné voire inconnu. A croire qu'on grandit trop vite.

Décidément, je suis un peu trop chochotte pour les bêtises d'enfants !

mercredi, avril 26, 2006

La rage au bois dormant, Christiane Baroche

A la fin de leur vie, deux femmes se retrouvent et partagent à nouveau leur passé, une même histoire en somme, mais aux facettes multiples.


Un livre plein d'émotion raconté à trois voix : Judith, Adèle et Maître Falloires. Leur vie passe par la seconde guerre mondiale, du côté de la résistance, mais ce qui compte surtout, c'est la vie quotidienne avec les histoires d'amour, de famille et du village, un village de campagne avec ses rumeurs, sa curiosité et sa méchanceté parfois.

J'ai particulièrement aimé le ton très humain de la narration, très vrai et rempli de sentiments.

jeudi, mars 23, 2006

A ce soir, Laure Adler



Un livre émouvant... Une histoire vraie, celle de l'auteur dont le bébé est mort. Pas de mystère dans ce livre, ou de suspens. On sait d'avance, mais comme elle on espère, on se raccroche aux minces rayons d'espoir...
L'histoire est un peu décousue, même dans sa construction typographique : quelques phrases,beaucoup de lignes vides, des retours dans le passé et des sauts dans l'avenir. On voyage dans son esprit, elle qui ne sait rien ou si peu. On sait ce qu'elle sait, pas grand-chose, mais ça suffit pour comprendre et souffrir un peu avec elle.

samedi, février 11, 2006

Le Livre de Saphir, Gilbert Sinoué

Décidément, je suis gâtée par les lectures que vous m'offrez ! C'est un livre parfait pour une passionnée de cistes.


Toute l'histoire est une fabuleuse quête dans la veine du Saint Graal, sauf que l'objet recherché est le livre de saphir. L'intérêt est ici aussi profondément religieux.

Trois hommes sont obligés de s'unir pour retrouver le livre de saphir : un juif, un musulman et un moine franciscain, tout cela sur fond d'inquisition espagnole au 15ème siècle, alors que les arabes occupent encore le sud de l'Espagne. Une femme chrétienne, Manuela, les rejoindra assez vite, pour en tirer des informations qui intéressent les pouvoirs religieux en place. Son arrivée est très bénéfique car elle permet de mettre en avant d'autres facettes des personnages, sans compter qu'elle apporte une réelle dose de tolérance particulièrement appréciable. Car si les adeptes des trois religions sont obligés de travailler ensemble, ils ne partagent pas les mêmes convictions et le font bien savoir.

On suit donc les 4 aventuriers à travers les villes espagnoles, chaque ville visitée correspondant à chaque fois à la résolution d'une partie de l'énigme complexe et permettant de découvrir un objet. Leur quête se mêle aux intrigues de l'Inquisition par le biais de Manuela, ce qui pimente encore l'ensemble.

Mon seul regret est de n'être pas à la hauteur des énigmes. L'auteur ne cherche pas à faire participer le lecteur à leur résolution car elles sont destinées à de véritables savants des 3 religions. L'univers historique est tout aussi complexe et proche de la réalité. On croise même un certain Cristobal Colon au détour de quelques pages...

On se laisse porter par l'histoire, et on tente de s'instruire !

La maison du sommeil, Jonathan Coe

Je n'ai pas aimé, j'ai adoré !



Ce livre pourrait être un scénario d'Almodovar tant par les thèmes abordés que par les névroses des personnages mis en scène. Le grand héros, comme le titre le laisse supposer, est le sommeil, sommeil dont les rêves se substituent parfois à la réalité.

Une maison est la scène des événements, d'abord maison d'étudiants, elle devient clinique du sommeil, où les mêmes étudiants se retrouvent. "Si on se donnait rendez-vous dans 10 ans, même jour, même heure" façon Jonathan Coe. Coïncidence biensûr, mais naturelle, car finalement elle ne fait que rapprocher des êtres unis par un rapport maladif au sommeil.

L'univers créé par l'auteur est réellement particulier et intrigant :
- sexualité qui se cherche ;
- dangers de la recherche ;
- troubles du sommeil....

De multiples pistes sont fournies pour deviner la suite de l'histoire, mais on est cependant surpris. La dernière surprise étant une histoire d'amour où toutes les limites sont franchies pour espérer être aimé.

L'auteur m'a laissé un peu sur ma faim. Tout est dit, certes, mais l'univers duquel on s'imprègne petit à petit, auquel on s'accroche, me manquait lorsque j'ai refermé les pages...

Vous allez le dévorer les yeux fermés ;o)